Archives de catégorie : « L’avie » de Raph

L’émotion n’a pas de frontières

Après un mois de tourisme intensif au Pérou, nous voilà en Bolivie pour quelques semaines. Nos plans changent a peu près aussi vite que nos comptes en banques se vident (mais ne vous inquiétez pas, on n’est pas en galère non plus). Finalement on va surement oublier le Chili et l’Argentine pour mieux revenir plus tard avec plus de temps, sans doute avec un camion qui permettra de profiter le mieux possible de ces énormes étendues désertes au nord et enneigés au sud.

Enfin bref, ces préoccupations de voyageurs ne sont que peu importantes comparées à ce qui se passe en France et dans le monde en ce moment. Et oui, – merci Internet et la télévision – même à quelque 10aines de milliers de km on se tient au courant et certains évènements nous touchent. Pas besoin rappeler ce qu’il s’est passé, cher visiteur, tu sais évidemment de quoi je parle. Je ne pense pas que la distance permette plus de recul, mais cela permet au moins de contrôler à peu près quelles informations nous parviennent et vers lesquelles on veut aller. Ce qui, en ces temps d’émotions extrêmement fortes relayées en premier lieu par les médias puis repris par toute une population, n’est pas négligeable.IMG_0438

Alors que dire de ces évènements en étant à la fois très proche et à la fois très loin de tout ça. Je dirais bien « Je suis Charlie », comme nous l’avons écrit sur la pancarte exhibée au Machu Picchu. Mais ces trois mots représentent tellement de choses contradictoires que je n’ai plus envie de m’en revendiquer. Nous avons tous agit sous le coup de l’émotions sans vraiment réfléchir posément aux tenants et aux aboutissants de cette histoire. Sans compter le fait que cela occulte complètement TOUT ce qui se passe ailleurs dans le monde. Les 200000 morts Syriens (et je ne relève même pas les déplacés, les réfugiés et les disparus), les manifestations violemment réprimés en Espagne, les massacres en Afrique et j’en passe… A qui cela sert-il et à qui cela dessert-il ? J’ai envie de répondre que cela sert évidemment au pouvoir en place, au gouvernement, qui peut, sous couvert d’un évènement extrêmement violent, contrôler de plus en plus les populations en augmentant la ‘’sécurité’’ du pays. Petit rappelle, une lois (lois de programmation militaire) à été voté en novembre 2014 et renforçait déjà les pouvoir militaires et de police, créait l’absurde ‘’entreprise terroriste individuelle’’, permettait aux pouvoirs administratifs (et non juridique…) de fouiller le net à la recherche de possibles passages sur des sites faisant l’apologie du terrorisme, etc… Et que se imagespasse-t-il aujourd’hui ? Sous le coup de l’émotion, le gouvernement fait passer une série de lois encore plus répressive… A quoi bon ? Leur loi de programmation militaire a-t-elle empêché qu’il y ait 12 morts dans les bureaux de Charlie Hebdo (dont le redac chef était quand même sous protection policière 24/24). A-t-elle empêché qu’il y ait 2 prises d’otages dans les 2 jours suivant cette attaque perpétrée dans les locaux du journal ? A-t-elle empêché ces deux hommes, pourtant sur la ‘’no flight list’’ des Etat-Unis de se procurer des armes de guerres ? Rien de tout ça ! Et pourtant ils s’entêtent à faire des lois encore plus sécuritaires. Simplement pour augmenter le contrôle sur la population et empêcher les gens de réfléchir sur leur condition, ou en tout cas renforcer le cadre dans lequel on évolue depuis quelques dizaines d’années. Le pouvoir en place, et je ne parle pas du ou des gouvernement(s) mais bien de ceux qui tiennent vraiment les reines (finances, pétrole, données personnelles, …) Cabusent qu’il commence à y avoir de plus en plus de lest. Ils perdent le contrôle car les populations se rendent compte que ce système n’est pas viable. Mais notre système de croyance est tellement ancré qu’il y est vraiment difficile de s’en détacher. Alors un attentat comme celui là permet d’attiser les peurs, et quand on a peur on agit seulement dans le cadre de ce que l’on connaît et qui nous sécurise. Le cadre matériel, le partage de la peine avec toute une population. Les pires des guerres ont pourtant commencées sans vraiment d’ennemis mais avec un rassemblement énorme motivé par l’émotion. Faisons donc très attention à ce qui nous motive. L’émotion ou l’envie de changer les choses vers plus de justice de liberté et de respect ? Il n’y a que la deuxième partie qui peut permettre de faire émerger du bon. L’émotion, bien qu’elle soit salutaire ne peut être que personnelle ou restreinte à un petit nombre de personne. L’émotion partagée par le plus grand nombre finit obligatoirement par être dangereuse. D’autant plus en ces temps où la terreur n’est associé qu’a ‘’l’islam radical’’. L’ennemi est déjà désigné, sauf que cet ‘’ennemi’’, à cause des mots utilisés pour le définir, en vient à se confondre dans la tête des gens les plus fragiles, avec des peuples, et une religion qui est aussi extrémiste que n’importe quelle religion dans le monde ! Ne nous trompons pas de cible. Le « terrorisme » pour reprendre les mots qui font peur, n’est que la manifestation de l’ultra-violence du système de concurrence mondialisée ultra-liberaliste dans lequel nous évoluons et avançons de plus en plus. Alors comment voulez-vous en finir avec des conséquences sans s’attaquer aux causes ? Les conséquences réapparaissent toujours si les causes ne sont pas modifiés, voire détruites. Je ne dis pas que la violence disparaitra si notre société change. Mais peut etre aura-t-elle d’autres formes moins mortelles, plus faciles a gérer ensemble. Qui sait ? De toutes façons, il faut vivre au présent pour que les choses changent, parce que le futur n’a pas d’existence propre et ne peut donc jamais changer ni évoluer.

2e1ax_simplistic_entry_emotion

Bref tout ça pour en venir au fait que l’émotion partagée par le pus grand nombre est mauvaise conseillère bien qu’il faille qu’elle soit vécu. Et même à l’autre bout du monde, on l’a bien vécu. Maintenant il est temps de la laisser un peu de coté et de tirer les conséquences de tout ce qui est arrivé, à tous les niveaux. Politique, populaire, économique, médiatique…

Cet évènement, pour moi, n’est pas arrivé par hasard. Sans tomber dans la théorie du complot, il m’apparaît un peu gros que deux mecs aient pris la décision, seuls, d’attaquer les bureaux d’un journal satirique, dont certains liens avec le pouvoir sont un peu troubles. D’autant que le discours de ce journal était pour moi en équilibre branlant sur un fil, à la limite du racisme. D’autant que la stigmatisation de la religion musulmane explose depuis cet évènement. D’autant que faire un attentat avec sa carte d’identité, en plein Paris sans se faire arrêter, puis faire une prise d’otage à près de 80 km de Paris le lendemain, en se faisant tuer, me paraît quelque peu douteux.

Je ne connais pas l’histoire exacte de ces évènements. Et je n’ai même pas envie d’en savoir plus que le seul fait qu’une 15aine de personnes soit mortes. La seule chose que nous devons tous faire, c’est prendre du recul par rapport à nos émotions et ne pas se laisser emporter par des simplifications qui divisent les gens. Ne soyons pas non plus trop soudés les uns aux autres, car les mouvements de foules peuvent être dangereux, bien que parfois salutaires.

Il est aussi temps de prendre conscience de ce qu’il se passe dans le monde et pas seulement dans les bureaux de Charlie Hebdo.

1798835_3_0f2f_une-jeune-syrienne-chante-des-slogans-pendant_aa3197f841a80ff850f9ed836f2bdd06

Pensons au terrorisme d’Etat effectué en Syrie depuis près de 4 ans sans que personne ne lève le petit doigt, à part des associations dont on peu saluer l’énorme travail,

Pensons aux massacres en cours au Nigeria,

Pensons aux violences policières en Espagne,

Pensons aux conflits en Ukraine,

Pensons à ces enfants du monde entier qui peinent à se nourrir, à se vêtir et qui survivent comme ils peuvent,

Pensons à toutes ces femmes violentées par leur conjoint (et aussi à ces hommes violentés par leur conjointe)

Pensons à toutes ces violences inutiles perpétrées chaque secondes dans ce monde qui survie de ces propres ruines.

Et en pensant à tout ça, créons aujourd’hui le monde respectueux, libre et humain que nous voulons pour demain et de la façon la plus non-violente possible…

 

 « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’un ni l’autre et finit par perdre les deux ». Benjamin Franklin

Le tourisme, l’éco-tourisme et le capitalisme.

Savoir n’est pas connaitre

Bon j’écris un petit truc qui méritera surement des recherches sociologiques, économiques et anthropologiques beaucoup plus approfondies. Mais cet article part de l’enlisement que j’ai eu avec Quique, l’équatorien avec qui j’ai parlé pendant presque 3h à propos du tourisme, des nationalités en voyages, des deux principaux types de voyages que sont le voyage organisé et le voyage plus longue durée en sac à dos.

Je commence par le commencement. Quique tiens une petite boutique d’artisanat sur la place centrale de Misahualli, un petit village dans l’Amazonie équatorienne. On entre donc dans sa boutique avec le copains pour regarder un peu ce qu’il avait comme collier, bracelet, statuette…
Il nous demande d’où nous venons et nous répondons très honnêtement « Francia ». A partir de là, il se met à nous parler des français, du capitalisme, de l’eurocentrisme, du néocolonialisme que le tourisme provoque etc… Évidemment, nous sommes à peu près sur la même longueur d’onde, donc on essaye tant bien que mal de lui répondre, de converser avec lui, bien qu’il nous coupe régulièrement la parole et qu’on arrive difficilement à en placer une.

Il me raconte

La discussion continue, les copains s’en vont et je reste seul avec lui à l’écouter parler et à essayer de défendre mon voyage et ma vision (sans doute un peu idyllique) du voyage. Je lui dit que je ne suis pas ici pour faire le simple touriste et que je ne suis pas là pour ne pas respecter les différentes cultures de son pays. Je lui dit que je suis là pour m’inspirer des différentes luttes passé et présentes menés dans les pays d’Amérique latine. Il me répond que l’Equateur n’a plus de culture et que ce que j’appelle culture ce n’est que du folklore offert aux touristes et que tout est déjà perdu dans se pays et tous les autres d’amérique latine. Selon lui la culture de l’équateur c’est une culture coloniale et capitaliste, soit la même que la notre. Il me répond aussi que si je veux m’inspirer d’une lutte, le seul et unique pays dans lequel je doit aller c’est Cuba, car il n’y a que là que la lutte se passe, et il n’y a que dans se pays qu’il y a une véritable culture différente du monde occidental, bien que le pays fonctionne avec le système capitaliste. Il me parle aussi de son expérience en tant qu’ancien guide dans la forêt amazonienne, avec différents groupe de touristes (tours organisé et « mochileros » soit voyageur en sac a dos) de différentes nationalités. Il me raconte deux exemples de ce qu’il a vécu. Le premier se sont des mochileros français qui lui ont fait la réfélxion que pour le prix payé, c’était un peu léger comme visite et que la prochaine fois, il faudrait qu’il y ait plus de chose. Le second, ce sont des touristes américains qui sont venu pour deux semaine en tours organisé en Equateur. Ils font le tour avec lui, lui disent merci beaucoup, lui laisse un pourboire, l’invite à manger le soir et payent pour tout le monde. De ce que j’ai compris, ce sont donc ces derniers les bons touristes.

Il me raconte d’autres histoires vécues quand il à arrêter d’être guide et qu’il a commencé à tenir son petit magasin. Comme celle d’une française avec qui il a sympathisé mais qui avait trois amis qu’il ne sentais pas du tout. Cette française à tout de même voulu amener ses amis dans son magasin pour qu’il leur parle de Cuba. Apparemment, les trois gars étaient anesthésiés à la propagande internationale livrée par les journaux à propos de Cuba. Il n’a donc pas vraiment apprécié.
Il me raconte aussi d’un français en couple avec une colombienne qui avaient un enfant. Celui-ci joue avec un des enfants du village et comme n’importe quels enfants, arrive un moment ou ils se chamaillent un peu. Le petit du couple vient donc se plaindre à son père et le père va voir l’enfant du village et lui en retourne une à lui faire saigner le nez. Le gamin blessé va voir sa mère, lui raconte se qu’il s’est passé mais sa mère lui en met une deuxième « parce qu’il ne faut pas embêter un enfant de touriste, ce n’est pas bon pour l’image que donne les gens du pays à l’international » (à peu de chose près et en espagnol). L’enfant va donc seul se cacher dans la foret, encore blessé. Quique, qui n’a pas vu l’histoire, va se promener dans la foret et entend des pleurs. Il se dit que ça n’a rien de normal, il se met donc à la recherche de l’endroit où est caché l’enfant. Il le trouve, et lui demande ce qu’il s’est passé. Il ramène l’enfant chez sa mère, engueule la mère et cherche quelque chose pour venger le gamin. Je ne raconterai pas ici ce qu’il à fait, d’une part parce que je n’ai pas tout compris et d’autre part parce que ça n’a pas grand intérêt et ça n’a pas à être raconter en publique. Il aura juste réussi son coup, même si je ne pense pas que le père français aura vraiment compris la porté de son geste à la base.
Il me dit aussi qu’il à déjà vu des mochileros acheter deux ou trois place dans le bus étant donné que ça coute pas grand chose pour nous, occidentaux voyageurs, pour pouvoir s’assoir à coté de leur sac. Or cela s’est fait aux dépens de voyageurs locaux agés qui ne pouvaient pas s’assoir alors que sur une des places assise gisait un sac à dos d’abrutis. Et apparemment le mochilero se sentait dans son droit vu qu’il avait acheter ses places. Evidemment, je lui ait bien fait comprendre que je trouvais ça aberrant et que n’importe où dans le monde, c’est un manque de respect.

Il me raconte aussi qu’il a fait une « étude sociologique » auprès de plusieurs guide d’équateurs pour qualifier les différents touriste et tourismes. Il me sort donc une sorte de classement qui ne me parait pas très objectif des « meilleurs touristes » et des « pires touristes » selon les nationalités. On trouve donc dans le quintet de tête des pire touristes, les français, les belges et suisse francophones, les allemands et les espagnols de certaines régions. Dans le quintet des des meilleurs, il y a les américains, les neo zélandais, les anglais, les canadiens (en fait tout le Commonwealth à peu de chose près) et les espagnols des autres régions. Il me dit aussi que les meilleurs touristes (les plus respectueux, gentils, compréhensifs…) sont ceux qui voyagent en tours organisé et que les pires sont les mochileros surtout quand il voyagent longtemps. Je fait donc partis des 1/20000 mochileros voyageant 6 mois ou moins qui sont gentils et respectueux. Vraiment, ça me touche !

3h de discussion ça en fait des choses à se dire

On aura aussi parlé d’autres choses, comme des singes qui sont dans la villes parce qu’ils ont été retirés sciemment de leur habitat naturel pour les touristes venus ici, d’un français qu’il a rencontré et qui à garder contact avec lui, qui était en total accord avec lui, qui lui à même écrit des textos pour lui dire que le séjour qu’il venait de faire dans une communauté dont je ne me souviens plus le nom était vraiment immonde, tout était fait pour les touristes et plus rien ne paraissait naturel. Et aussi de l’éco-tourisme et du volontariat qui pour lui est une béquille du capitalisme et un néo-colonialisme vert et pas vraiment de la découverte. Il a pas tout à fait tord sur certains points mais je ne me souviens plus vraiment la façon dont il en parlait, il est donc difficile de développer cela plus que ça.

Juste avant de se quitter, (mes amis m’attendaient pour aller manger), une française et une équatorienne vienne à notre rencontre pour nous vendre des petites friandises pour financer je ne sais plus trop quoi. Il se moque donc un peu de moi, me dit que je devrait aider ma compatriote… Les friandises étaient à 40ct l’une. Il essaye de négocier 4 pour un dollar, le mythe s’effondre un peu sachant qu’il m’a parlé des mochileros comme des salaud qui négociaient tout le temps parce qu’il n’avaient pas de sous. Je veux lui filer 25ct pour combler un peu la différence et il m’envoie balader en disant que si je voulais en acheter, je faisais mon affaire et que lui faisait la sienne… Je n’essaye pas de comprendre, je dirai donc que c’est culturel… (comme disait un suisse rencontré au Mexique à propos de ce qu’il ne parvenait pas à comprendre dans son voyage).

Début de réflexions sur le voyage

Bon, que retenir de cette rencontre, de cette monologue discussion et quelles questions cela soulève-t-il ? Il faudrait commencer par « qu’est-ce que le tourisme » et continuer par « quels sont les tourismes » mais je n’ai pas envie de me lancer dans ces questions ici. D’une part parce qu’elles demandent beaucoup de réflexion et un bagage théorique important et d’autre part parce que j’écris un article et pas un essai…

En tout cas, il m’a parut intéressant d’avoir l’avis d’un local, qui plus est, ancien guide, sur le tourisme dans son pays. C’est un avis complètement subjectif et je crois qu’il est important de le prendre de cette façon (d’après ma subjectivité…). D’autant qu’après cette discussion, on a croisé un couple de québécois installé à Canoa (en équateur donc, pour ceux qui suivent pas) depuis un certain temps. Ils nous ont dit que le gars n’avait jamais voyagé de sa vie et qu’il leur avait sorti le même discours. En fait c’est le genre de gars qui lit des bouquins et qui se renseigne sur internet pour faire des généralités et croire qu’il connait tout sur tout. Son avis est donc grandement à nuancer, mais ses expériences m’ont interpelés.

En effet, avant cette discussion j’avais une vision totalement inverse. Pour moi les mochileros étaient des gens respectueux, avec une envie de découvrir une culture différente, de se découvrir eux même en allant connaitre des choses différentes. Et je pense qu’il ne peut pas y avoir d’envie de découverte sans un profond respect pour les personnes en faces. Quoique, en écrivant cela, je viens de me rendre compte que les colons avaient une énorme envie de découverte et absolument aucun respect… Et a contrario, les voyageurs en tours organisés, de ce que je pensais n’en n’ont que faire du pays dans lequel ils sont, tant qu’ils sont dépaysé et qu’il en ont pour leur argent. Ils ne font pas d’effort pour parler la langue, pour connaitre les gens etc… Eh bien maintenant je serai quand même plus nuancé, et je ferai attention au comportement des voyageurs que je rencontrerai, qu’ils soient voyageurs en tours organisés ou voyageur au long court. Je tenterai aussi de faire attention aux réactions des locaux par rapport à mon comportement. En tout cas, la vision de mon voyage n’est en rien modifié profondément par cette conversation, bien que je me sois posé des questions pendant le repas qui a suivi. Toutefois je crois que cela m’aura permis de faire émerger une réflexion à propos de mon approche du voyage en général et des liens interculturels que permettent les voyages. Comment voyager sans coloniser, même sans le vouloir, comment permettre aux gens d’un pays de vivre du tourisme sans dénaturer les cultures locales, comment vouloir découvrir une culture différente sans manquer de respect ?… Tout un tas de questions aux réponses encore floues dans les mots, mais auxquelles chaque voyageur doit tenter de répondre par les actes.
Le problème étant que chaques rencontres influent à la fois sur les deux parties, la vraie question est comment réussir à ne pas imposer ou donner envie de suivre son système de pensée et d’être, tout en étant dans l’échange profond ?

Déconstruction et décolonisation mentale

Nous avons tous un travail de décolonisation et de déconstruction intellectuelle intense à effectuer si on ne veux pas que se perdent dans l’oubli des milliers de spécificités culturelles séculaires voire millénaires. Car la société capitaliste et la « culture » occidentale « harmonise » la vie selon ses propres principes et colonise nos façons de penser, de discuter, d’entrer en contact…
Déconstruisons-nous et peut-être que les cultures minoritaires que nous cherchons à rencontrer en voyageant réussirons à continuer de se construire et de vivre selon leurs propres principes et pas en faisant image pour le touriste venu admirer le folklore…

Bonus : vidéo d’un interview de Quique dans son échoppe

En bonus, je mets les quatre parties de l’entretient fait entre un français mochilero (celui dont je parle dans l’article) et Quique. J’ai un peu la flemme de traduire pour l’instant mais peut être que je le ferai un jour. C’est à peu de chose près un condensé de ma discussion avec lui.

Conclusions mexicaines et commencement équatorien

IMG_5654

Bon, ça y est les vacances mexicaines sont finies, je vais enfin pouvoir essayer de sortir de cette peau de touriste américain blindé, qui te colle de l’arrivé jusqu’au départ de la pointe est du Mexique. Je vais enfin pouvoir enlever cet autocollant « cash machine » de mon front d’occidental blanc et jeune. Je caricature un peu en disant tout ça bien sûr ! Les mexicains qu’on a rencontré étaient pour la plupart très sympa et très accueillant, près à t’aider dès que tu leur demandes un renseignement. Mais j’ai quand même ressenti, à la croisé de certains regards, que j’étais plus une proie qu’autre chose.

Je ne peux pas parler de tout le Mexique, puisque qu’on a fait qu’un toute petite partie, qui, il paraitrait ne ressemble en rien au reste.

bad-good

Et puis au final, c’est un peu normal pour les locaux d’avoir cette vision là de l’occidental moyen voyageant « all included » dans les hotels du quintana roo, puisque c’est ce qu’il y a en très grande majorité. D’ailleurs, quand ils en sortent, la plupart ne le font que pour des excursions organisées depuis l’hotel. Ou alors, ils profitent simplement de la privatisation de la vue sur la mer qu’a effectué leur luxueux palace…

D’ailleurs des palaces, il s’en construit à la pelle. Toute la route entre Tulum et Cancun, c’est à dire ce qu’on appelle « la riviera maya », n’a presque plus rien de maya, et n’a d’une rivière que le fric qui coule à flot derrière les bloc de béton énorme annonçant des resort 6 ou 7 étoiles collés les uns aux autres.

6a00d8341cb44a53ef00e54f063c2e8833-800wi

Le pire dans l’histoire c’est que je suis sûr que ces hôtels appartiennent à des occidentaux, à des grand groupes multinationaux, ou à des princes du moyen orient. Les mexicains en sont réduit à être les larbins du tourisme de masse pour les blancs ayant de quoi se payer des vacances au soleil quand il fait trop froid chez eux ! Qu’on ne vienne pas me dire que cela créé de l’emploi ! A quel prix cela le fait-il ? Faire vivre en partie un pays du tourisme, pourquoi pas. Mais réduire en esclavage consentis une partie de la population d’un pays ayant des ressources magnifiques, pour faire prospérer des industries de services ne sachant plus quoi inventer pour contenter des clients toujours plus ignorants des conditions et des modes de vies locaux, ce n’est pas faire vivre une partie d’un pays du tourisme…

IMG_5778

Assez parlé du coté touristique. Ce coté du pays est aussi une méga décharge à ciel ouvert. Il y a des déchets partout sur le bord des routes, dans les chemins, en plein milieu de la jungle, là où nous avons été voir les Cénotes et même dans la « réserve naturelle » Sian Ka’an ! La faute à qui ? Sont-ce les mexicains à qui on n’a jamais dit que le plastique ce n’était pas comme un aliment et que ça détruisait la nature ? Sont-ce les touristes qui n’en n’ont strictement rien à foutre de balancer ça à un endroit dans lequel ils ne repasseront plus jamais ? Les deux mélangés ? Allez savoir… Le fait est que c’est vraiment hallucinant, et qu’il y a vraiment à faire entre ramassage des déchets et « éducation » des populations. Si de bonnes âmes sont intéressées, faites signe, il y a moyen de monter une bonne grosse mission de volontariat international !

IMG_5144

Enfin, il n’y a pas que des côtés négatifs, rassurez vous. Il y a plein de choses intéressantes à faire et à voir. Ce pays méritera d’ailleurs un autre voyage, plus long, et avec plus d’expérience de la langue locale, histoire d’estomper cet image de gringos profiteur et de pouvoir s’insérer un peu mieux. Un voyage dans le reste du pays, qui, il semblerait, est moins touristique et plus proche de la réalité des mexicains.

Bon, parlons aussi un peu de l’Equateur, le plus petit pays de l’Amérique du Sud, mais aussi celui qui offre le plus de diversité de paysages. Déjà, on sent qu’on commence à s’éloigner des Etats-Unis et que le tourisme est bien moins développé que dans la Riviera Maya du Mexique. Les gens dévisagent moins le « blanc » venu de l’occident et paraissent bien plus proche de la Nature. Je dis « paraissent » parce que, bien qu’il y en ai moins, les déchets sont toujours présents malgré les panneaux mis en place par le gouvernement sur le bord des routes promouvant le « Buen Vivir » et disant qu’il faut protéger la Nature. Gouvernement qui, par ailleurs, se trouve face à ses contradictions quand d’un coté il organise des campagnes comme celles-ci et de l’autre abandonne un projet de non-extraction du pétrole dans la foret amazonienne, sans demander quoique ce soit aux populations indigènes impactés, qui ont porté ce projet pendant bien 5 ou 6 ans ! Pour ceux que ça intéresse, ce projet se nomme « Yasuni-ITT ».

yasuni-066aa

Nous avons quand même passé 10 jours assez exceptionnels au beau milieu de la nature, à expérimenter le « buen vivir », à construire une cabane en bambous, à faire des balades le long du rio Camarones entre les collines. 10 jours apaisants, durant lesquels j’ai eu l’impression de revenir en enfance, à m’émerveiller devant tout et n’importe quoi. J’aurais pu regarder le paysage durant des jours entiers et j’aurais toujours trouvé quelque chose de nouveau à voir, à écouter ou à sentir.

Le retour à la ville fut moins troublant que je ne l’aurais imaginé, même si, heureusement, on n’y est resté qu’une seule nuit ! Nous voilà de nouveau sur les routes, et à certains endroits, il y a de légers airs de la Riviera Maya. Mais ici la disparité est bien plus visible et paradoxalement moins violente. On passe de petits villages simple avec quelques cabanes, à de plus grands villages, mais paraissant tout aussi simples. Puis une décharge à ciel ouvert, devenant la proie de vautours et autres oiseaux. Et enfin, ici où là, entre les simples pueblitos et les collines, se construisent ce qu’ils appellent des « beachfront community ». En effet, c’est bien sûr le front de mer, mais le sens de « community » n’est pas du tout le même que celui de là où on a vécu 10 jours. Ce sont des communautés de riches, avec portails automatiques et gardes armés à l’entrée, belles routes bitumés, terrain de tennis, piscines et grandes propriétés à l’intérieur. Des lotissements à l’occidental, mais avec la « sécurité » et les « loisirs » en plus. C’est assez immonde à voir d’autant plus quand c’est en construction et qu’on ne peut qu’imaginer ce que ca va devenir.

En conclusion, pour le peu qu’on a vu du Mexique et de l’Équateur, et bien que la colonisation soit officiellement fini, la notion d’indépendance dans ces pays reste pétrie d’un colonialisme latent. Il apparait relativement difficile pour ces pays et les populations qui les composent de sortir de cette domination idéologique, bien qu’il y ait des mouvements régionaux, nationaux et même internationaux qui tentent de la défaire tant bien que mal. D’autant que le néocolonialisme économique et développementiste écrase de toute ses forces les volontés populaires d’émancipation et laisse à penser aux populations que le seul moyen de s’en sortir c’est de tenter d’imiter l’occident avec son lot de concurrence et d’individualisme.
A suivre de près donc…